Les 6 et 9 août 1945, les Etats-Unis ont largué sur les villes d’Hiroshima et Nagasaki au Japon les deux premières bombes nucléaires de l’histoire, mettant ainsi fin à la Deuxième Guerre mondiale dans le Pacifique. Nagasaki était une ville importante du complexe militaro-industriel japonais, ce qui était moins le cas d’Hiroshima, ville aux habitations traditionnelles faites de bois et de papier, cité encore préservée des affres de la guerre, devenant, à ce titre, une cible de choix pour évaluer les conséquences d’une première explosion nucléaire.
Environ 200’000 personnes vont à court et à long termes succomber des suites de ces attaques. Selon les Américains, l’utilisation de ces bombes a permis d’éviter une invasion de l’archipel nippon nécessaire à la fin du conflit, qui aurait entraîné un nombre important de victimes américaines – plusieurs centaines de milliers de soldats d’après eux. Certains historiens, comme par exemple Frédéric Clairmont, affirment, d’un autre côté, que l’utilisation de ces bombes a été avant tout un coup d’éclat des Américains face aux Soviétiques, l’URSS étant l’autre grand vainqueur de la guerre, le communisme devenant, dès lors, la principale menace pour la Maison Blanche.
Différentes questions se posent encore aujourd’hui suite à l’utilisation de ces bombes ; premièrement, sur l’éventuelle responsabilité juridique américaine, i.e. sur la qualification potentielle de cet acte de crime contre l’humanité selon le droit international, des populations civiles à large échelle ayant été touchées. Il n’y a eu, à ce jour, aucune excuse officielle ni de dédommagements proposés aux victimes de la part de Washington. Deuxièmement, cet anniversaire tragique remet sur le devant de la scène la problématique de l’apparition récente de nouveaux pays nucléarisés (Pakistan, Corée du Nord) – héritage dangereux de notre monde multipolaire de l’après-guerre froide – et la nécessité morale faite à la communauté internationale de réfléchir à l’éventuelle abolition de l’arme nucléaire. Un « forum international pour l’abolition de l’arme nucléaire » pourrait être créé à Hiroshima : le maire de cette ville a d’ores et déjà lancé une idée dans ce sens.
Frédéric Steputat
M.A.I.S. en Histoire et Relations internationales