9 décembre 2015 : propagande autour du « Jour des Héros de la patrie »[i]
Le 9 décembre dernier, 5000 jeunes Russes issus, entre autres, de sociétés estudiantines et professionnelles, se sont rassemblés à Moscou dans une convention nommée « Les héros de notre temps »[ii], manifestation organisée par différentes associations patriotiques russes, hautes écoles de la capitale et supervisée par le Ministère de l’intérieur de la Fédération de Russie[iii]. Différents représentants des principaux partis politiques russes, du gouvernement et des médias d’Etat étaient également présents à ces « festivités ». Le but de ce rassemblement était officiellement de débattre et de trouver des éléments de réponses aux nouvelles menaces et défis qui pèsent sur la Russie d’aujourd’hui et le rôle que la jeunesse de ce pays, dans un élan patriotique unificateur et consolidé, peut jouer à ce niveau-là. Parmi ces menaces et défis figurent, pêle-mêle, le terrorisme, la guerre de l’information, la crise économique ou encore l’influence de la culture russe dans le monde.
Dans un contexte national et international toujours plus difficile (terrorisme, incertitudes autour de la crise ukrainienne, baisse de l’activité économique), où le renouveau de la puissance russe désiré par le président V. Poutine peine à prendre de l’altitude, le Kremlin tente de noyauter par ces grandes messes la jeunesse (les forces vives de la nation de demain) autour de son pouvoir en distillant l’idée d’une Russie invariablement menacée qui se doit de « resserrer » les rangs. Cette propagande – qui n’est pas sans rappeler des pratiques de régimes politiques du vieux 20ème siècle – visant directement des ennemis intérieurs et/ou extérieurs (le terrorisme islamiste mais également l’Occident), relève éventuellement d’une peur ancestrale des dirigeants russes, qui est de voir l’immense Sainte Russie imploser à terme sous les coups de boutoir délétères de la modernité.
Frédéric S.
[i] Cette journée fut instituée en 1769 par Catherine II pour commémorer les actes de bravoure des soldats se battant pour la Russie.
[ii] Clin d’œil – quoique quelque peu maladroit – au titre du brillant roman de M. Lermontov, publié en 1840 ?
[iii] Texte inspiré par un article publié sur le site de l’agence d’informations RBC (RosBusinessConsulting) le 7 décembre 2015.