Archiv der Kategorie: Geschichte

Prof. Dr. A. Stahel: Die aktuelle geopolitische Lage: Der Kreml lässt grüssen‘

Referat vor der MV des Forums Ost-West am 23. August 2016 in Bern.

Die Analyse der geopolitischen Lage in und um Europa unter Berücksichtigung der neuen selbständigen Staaten im Baltikum und deren wechselvollen geschichtlichen Entwicklung ergibt für Russland eine neue Situation.

Der Beitritt der souveränen mitteleuropäischen Staaten und baltischen Republiken zur EU und NATO sowie die Selbständigkeit von Ukraine und Weissrussland bedeuteten für Russland sowohl die Aufgabe des sicheren Vorfeldes als auch den Verlust des direkten Zugangs der Seestreitkräfte über Tallin und Riga zur Ostsee und in Odessa zum Schwarzen Meer. Die militärische Bedeutung der Häfen St. Petersburg und z.B. Sotschi ist klein. Die Nutzung des wichtigsten Hafens der Schwarzmeer Flotte, Sewastopol, wurde 2010 vertraglich bis 2030 gesichert, mit der Besetzung der Krim fiel dieser 2014 unter russische Hoheit. Die russischen Minderheiten von 24,8 % in Estland, 26,9 % in Lettland und 5,8 % in Litauen, stellen zwar ein potenzielles, jedoch nicht aktuelles, Risiko der fünften Kolonne dar, zumal die russisch sprechenden EU-Bürger ihren EU-Pass kaum abgeben möchten.

Die russische Antwort auf diese Herausforderung bestand aus Abrüstungsverhandlungen mit den USA, Restrukturierung und Modernisierung der eigenen Streitkräfte und neuer Organisation der Militärbezirke. Die neue Gaspipeline Nord Stream wurde durch die Ostsee verlegt statt übers Land durch das Baltikum geführt. Durch die Stationierung von Mittelstreckenraketen Iskander M in Kaliningrad, Reichweite 400-600 km, und Dislozierung der Jagdbomber des Typs SU 34 kann Russland Westeuropa bedrohen und eine NATO Reaktion de facto neutralisieren.

Gefährlich ist die Situation angesichts der konventionellen Überlegenheit der russischen Streitkräfte im Baltikum und gegenüber der Ukraine. Während das Baltikum auf NATO Unterstützung zählen könnte, würde die Ukraine auf sich allein gestellt sein und auf die Wirkung westlicher Sanktionen warten. Der Westen setzt sich für eine politische Lösung des Ukrainekonfliktes mittels Verhandlungen und wirtschaftlichen Sanktionen ohne Waffenlieferungen ein.

In Zentralasien fordert China Russland heraus. Das sind Investitionen im Bereich der Infrastruktur und der Aufbau der neuen Seidenstrasse für wirtschaftliche und politische Zusammenarbeit. In Fernost sind die nukleargerüsteten Staaten Nordkorea und China die wichtigsten Gegenspieler. China befasst sich mit Wirtschaftswachstum und der Ausweitung seiner Einflusszone im Südchinesischen Meer.

Prof. Dr. A. Stahel fasst die gesamte Situation aus der Sicht Westeuropas wie folgt zusammen: Gleichgewicht auf strategischer und nuklearer Ebene mit den USA, Vorteile für Russland auf substrategischer Ebene der Mittelstreckenwaffen in Europa und gewichtige Vorteile für Russland im lokal-taktischen Bereich dank konventioneller Überlegenheit von Bodentruppen. Die dadurch entstandene unsichere Situation in Europa erfordert sowohl die Standhaftigkeit westlicher Politiker als auch wirksame Gegenmassnahmen.

Georg Vancura, September 2016

La question nationale ukrainienne

La question nationale ukrainienne[i]

Le 18 mai 1876, un oukaze du tsar Alexandre II promulgué à Bad Ems, en Allemagne, résonne dans les franges sud de la Sainte Russie : la langue ukrainienne[ii] sera dorénavant interdite d’utilisation dans l’espace public et dans toutes publications au sein de l’Empire russe. Malgré cette interdiction, l’ukrainien est aujourd’hui une langue vivante parlée par 40 millions de personnes dans le monde et la langue officielle d’un Etat indépendant. Cet oukaze a-t-il été inefficace ? Ce papier propose de revenir sur cet oukaze, son origine, ses conséquences ainsi que sur l’actualité ukrainienne, surtout dans ses relations avec la Russie.

L’origine de cet oukaze est avant tout la crainte du tsar – dans cette Europe du 19ème siècle gagnée par la fièvre des mouvements nationaux – de voir la langue ukrainienne devenir le ciment et le vecteur d’un processus d’autodétermination d’un peuple se reconnaissant comme ukrainien, un tel processus pouvant mener, à terme, à des velléités autonomistes ou indépendantistes, ce qui représenterait, selon l’empereur, un réel danger pour les intérêts et l’intégrité de l’espace impérial russe.[iii]

La conséquence de cette interdiction aura de réels effets sur le nationalisme ukrainien jusqu’à la Première Guerre mondiale, cet oukaze le freinant grandement en Russie, à une époque où il se développe en Galicie autrichienne voisine, une région plus libérale. Le nationalisme ukrainien ne va néanmoins pas disparaître et prendra, contre toute attente, un essor certain en Ukraine centrale et orientale, à Kiev, à Donetsk, se répandant dans l’espace public via la langue russe et dans des espaces majoritairement russophones. Ceci démontre éventuellement qu’un sentiment national ne se limite pas uniquement à des déterminants culturels mais trouve également un terreau fertile à d’autres niveaux (valeurs communes, intérêts économiques, etc….), vision défendue par la tradition républicaine française.

Dans le sillage de la Première Guerre mondiale et l’édification politique du socialisme révolutionnaire en Russie, une Ukraine institutionnalisée et administrative apparaîtra sur les cartes géographiques et survivra à la fin de la guerre froide comme Etat indépendant. Néanmoins, les événements récents démontrent que l’Ukraine est potentiellement toujours menacée dans son existence, et ceci derechef par le grand voisin russe. La Crimée n’a-t-elle pas été annexée en grande pompe par Moscou en 2014 ? Le conflit incessant dans le Donbass n’est-il pas, entre autres, le fruit d’une politique peu claire menée par le Kremlin dans cette région ? Récemment, les dirigeants russes ont répété que le peuple ukrainien n’existait pas en tant que tel et qu’il ne formait qu’un grand peuple avec les Russes et les Biélorusses ; l’existence de l’Ukraine est-elle, pour eux, une « absurdité » historique ?

Comment expliquer cette propagande savamment orchestrée par Moscou, aux relents dix-neuviémistes et où apparaît, spectralement, l’oukaze de 1876 ? Ces dernières années, l’Ukraine est devenue le terrain de jeu de la revitalisation, par le président Vladimir Poutine, de la doctrine brejnévienne de « la souveraineté limitée ». Cette doctrine doit permettre à Moscou de rejouer un rôle de premier plan dans l’ancienne sphère impériale russe, dans les pays de « l’étranger proche », afin de soutenir de nombreux intérêts stratégiques à court terme. Mais elle vise également à créer – dans un temps plus long – une nouvelle aire de civilisation eurasienne, nourrie d’éléments russe, touranien, orthodoxe et musulman, sur laquelle veillerait Moscou, histoire de se protéger de la montée en puissance de la mondialisation occidentale et libérale, perçue comme décadente et menaçante par une partie des élites russes.[iv]

Frédéric Steputat, ce 3 août 2016.

Notes:

[i] Texte s’inspirant d’une présentation du Professeur Gerhard Simon, slaviste, tenue à Bad Ems le 29 mai 2016.

[ii] Langue appelée à l’époque « petit russe » dans l’espace impérial, l’ukrainien étant considéré comme un dialecte de la langue russe. Il est éventuellement utile de rappeler que le territoire de l’Ukraine d’aujourd’hui appartenait à cette époque principalement à la Russie, seule sa partie occidentale était englobée dans l’Empire austro-hongrois (Galicie et Bucovine).

[iii] La Russie possède de nombreux intérêts dans les régions côtières de la mer Noire au 19ème siècle : intérêts stratégiques (accès aux mers chaudes), économiques (vasque fertile et houillère) et politico-culturels (panslavisme), sans oublier le fait que de nombreux Russes considèrent les rivages pontiques comme étant le berceau historique de leur civilisation.

[iv] A ce titre, revoir le bimestriel du Monde diplomatique Manière de voir, numéro 138, publié en décembre 2014, consacré à la Russie.

 

 

 

 

 

Gesetzesvorschlag der Duma wegen 1968

Die russische Duma schlägt ein Gesetz vor, nach dem die Soldaten des Warschauer Paktes, die im August 1968 für die militärische Intervention in der Tschechoslowakei verantwortlich sind, von jeglicher Schuld freizusprechen seien. Die Reaktion auf diesen Vorschlag hat in den tschechischen Medien und politischen Kreisen heftige Kritik ausgelöst.

Kriticke reakce v ceskych mediich a politickych kruzich na navrh noveho zakona Dumy v Moskve o zprosteni viny vsech ruskych vojaku, kteri ze zucastnili intervence WP v CSSR 1968.

Eine Analyse von Georg Vancura:

Umstrittener  Gesetzesvorschlag der Russischen Duma über die Reinwaschung der  Interventionssoldaten in der CSSR im August 1968 sorgt für Unmut in Tschechien  Die Tschechische Zeitung Lidove Noviny (Link) berichtete in ihrer Ausgabe  vom 7. Juni 2016 über einen Gesetzesvorschlag der kommunistischen Duma-Abgeordneten in Moskau. Mit diesem neuen Gesetz sollen die russischen Interventions-Teilnehmer/Soldaten in der CSSR im August 1968 den Status als Veteranen erhalten mit entsprechenden Privilegien, weil sie die Interessen der Sowjetunion in der Tschechoslowakei verteidigt und eine angebliche NATO Intervention verhindert haben. Diese „Begründung“ entbehrte bereits damals  jeder Grundlage, weil die Sowjetunion die Invasion als eine interne Ostblock-Angelegenheit betrachtet und wichtige Staaten im Westen ex ante darüber informiert hat. Der ex Aussenminister der Tschechischen Republik K. Schwarzenberg und andere Persönlichkeiten verurteilen diesen Gesetzvorschlag und das Vorgehen zur Reinwaschung  der Interventionssoldaten scharf und bezeichnen dessen Begründung das als ‚schamlose Falsifikation‘.  Die revisionistische Wertung der Invasion der Warschauer Pakt Staaten in der CSSR in 1968 durch kommunistische Duma Abgeordnete in Moskau  stimmt aus mehreren nachfolgend erläuterten Gründen nicht: Unmittelbar vor der Intervention im August 1968 hat der damalige sowjetische Botschafter A. Dobrynin in einer Audienz im US Aussenministerium in Washington die USA über die bevorstehende Intervention informiert und diese als interne Block-Angelegenheit ohne eine Gefährdung der USA und der NATO deklariert. Die USA haben ihre Verbündeten informiert, ihre Streitkräfte in Europa nicht in höchste Alarmbereitschaft versetzt und über humanitäre Hilfe für die bedrohte Tschechoslowakei beraten.  Quelle: Memoiren von L.B. Johnson, damaliger US Präsident. Der sowjetische Kommandant der WP Interventions-Streitkräfte General Alexander M. Majorow hat die Entscheidungsprozesse in Moskau auf höchster Partei- und Staatsebene im Detail in seinem Buch ‚Invaze. Ceskoslovensko 1968‘ detailliert beschrieben. Darin war von keiner Gefahr einer NATO Invasion die Rede, sondern von der Befürchtung der Sowjets, dass die KPTsch ihre Führungsrolle in der CSSR verlieren kann. Gen. A. M. Majorow war Kommandant der neuen ‚Gruppe der Sowjetischen Streitkräfte Mitte‘ in der Tschechoslowakei von 1968 bis 1972. Die sowjetischen Soldaten wurden von der einheimischen Bevölkerung als Besatzungstruppen wahrgenommen und als solche bezeichnet, sie verliessen die CSSR nach 1990. Alle Tschechen und Slowaken, welche das Jahr 1968 in der Tschechoslowakei erlebt haben wissen, dass es sich um einen ernsthaften Versuch aller gesellschaftlichen Kräfte handelte, den Sozialismus zu reformieren, ihm eine demokratische Grundlage zu geben und die tschechoslowakische Wirtschaft effizient zu machen und auf den Wachstumspfad zu bringen. Dieser Reformprozess wurde argwöhnisch vor allem in Moskau und Ost-Berlin beobachtet, weil er die Machtgrundlage des autoritären Sozialismus sowjetischer Prägung gefährdete. Sowohl die Politiker als auch die Reformer in der CSSR waren pausenlos bemüht, sowjetische Bedenken in den Medien zu zerstreuen mit der Betonung der friedlichen und humanistischen Ausrichtung des Reformprozesses (‚Sozialismus mit menschlichem Gesicht‘). Alle Gedanken über möglichen Austritt aus dem Warschauer Pakt und aus dem RGW wurden ausgeschlossen. Die Warschauer Pakt Staaten haben den Druck auf die tschechoslowakische Führung aufrechterhalten und ihre Unzufriedenheit mit dem Reformprozess in den Medien und an den Konferenzen in Karlovy Vary und in Cierna n.T. deutlich zum Ausdruck gebracht. Gleichzeitig wurden WP Manöver in der CSSR durchgeführt, deren Ergebnisse schliesslich zur Vorbereitung und Durchführung der Intervention verwendet wurden. Die politische Rechtfertigung der Invasion lieferte der Generalsekretär der KPdSU selbst in der nach ihm benannten ‚Breschnew-Doktrin‘ von der beschränkten Souveränität der sozialistischen Staaten. Diese widersprach sowohl dem Völkerrechtsprinzip der Souveränität und Unabhängigkeit aller Staaten als auch der UNO Charta. Die westlichen Staaten haben zwar um die Gefährlichkeit dieser Reform-Vorhabens für den gesamten Ostblock gewusst. Dies jedoch einerseits mit sehr viel Sympathie und anderseits mit selbstauferlegter Zurückhaltung verfolgt. Es ging darum, ja nicht irgendwelche Gründe für sowjetische Gegenmassnahmen gegen die CSSR zu liefern. Die westlichen Filmemacher haben sogar die Dreharbeiten für den Film ‚Die Brücke von Remagen‘ aus der CSSR in den Westen verlegt, damit nicht uralte amerikanische und deutsche Panzer aus dem 2. Weltkrieg temporär in der CSSR für den Film stationiert werden mussten. Zu erwähnen ist in diesem Zusammenhang auch der mutige Auftritt des damaligen Aussenministers der CSSR Jiri Hajek vor der UNO in New York in 1968, in welchem er die Intervention verurteilt und die von der UdSSR genannten Gründe deutlich widerlegt hat. Er ist aus seinen Ferien in Jugoslawien über die Schweiz (Genf) nach New York gereist. Die Intervention der Warschauer Pakt Staaten hat zur schrittweisen und vollständigen Unterdrückung des Reformprozesses in der Tschechoslowakei, zur Resignation und inneren Emigration der Bevölkerung sowie zur äusseren Emigration von mehreren Zehntausend in den Westen geführt. Der Kulminationspunkt des friedlichen Widerstandes war die Selbstverbrennung von Jan Palach in 1969. Den Flüchtlingen schwappte im Ausland eine Welle der Sympathie entgegen, die Sowjetunion sah sich mit einer weltweiten Kritik ihres Vorgehens konfrontiert. Die innerstaatlichen Probleme des Landes, mangelnde politische Akzeptanz des Sozialismus und wirtschaftliche Ineffizienz, wurden weder in der CSSR noch in den anderen Ostblock-Staaten gelöst. Der unstillbare Wunsch nach mehr Freiheit und Demokratie konnte erst 1989 nach den Reformen von M. Gorbatschow in der UdSSR und im ganzen Ostblock erfüllt werden. Die westlichen Staaten konnten die militärische Intervention der WP Staaten ohne Rumänien in der Tschechoslowakei nicht verhindern. Sie haben aber den KSZE Prozess in Gang gesetzt, welcher durch die Betonung der demokratischen Prinzipien, der Souveränität, der Sicherheit, der friedlichen Zusammenarbeit und nicht zuletzt der Menschenrechte einen wesentlichen Beitrag  zur Aufweichung und letzten Endes zur Auflösung der eisernen Umklammerung der Ostblockstaaten geführt hat. Autor Georg Vancura http://www.lidovky.cz/okupanti-ze-srpna-1968-by-meli-byt-veterani-zabranili-valce-tvrdi-rusti-poslanci-19d-/zpravy-svet.aspx?c=A160607_155314_ln_zahranici_mpr

La Russie et ses guerres hybrides

Résumé

The following article considers a question which has been extensively studied by northern European researchers in the last few years : the Russian hybrid wars. This text mainly resumes a publication of August 2015 about this topic made by Prof. Stahel, director of the Institute for strategic studies in Zurich. Hybrid wars have an historic resonnance and continue to play an important role in the actual Russian military strategies. For example, the war actually supported by Russia in the Ukraine can be defined as « hybrid » and can be divided in different phases whose goals are finally the controle of specified regions of this country, the best example of this being the annexion of Crimea. But, Russia has also weaknesses which prevent the Kremlin from leading eventually successfull hybrid wars in the Ukraine and in other parts of Eurasia on the long term. In conclusion, these recent Russian hybrid wars provoke new tensions with Europe, cause a rebirth of certain cold war dynamics which are a bad scenario for the old continent, Russia and international stability.

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Depuis quelques années, les experts géostratégiques de l’Europe du Nord étudient la question des guerres hybrides menées par la Russie depuis la fin de la guerre froide. Le Professeur (ci-après Prof.) Albert Stahel, directeur de l’Institut d’études stratégiques de Wädenswil en Suisse, a récemment publié un article à ce sujet[i] dont les principales conclusions ont été présentées lors de la réunion annuelle des membres du Forum Ost-West de Berne le 20 août 2015.

L’article du Prof. Stahel s’inspire, entre autres, des résultats d’une étude publiée en juin 2015 par Andras Racz sur la guerre hybride menée actuellement en Ukraine par la Russie.[ii] Plus précisément, le papier du Prof. Stahel relève que la guerre hybride est un « art de la guerre » qui n’est pas nouveau. Historiquement, cet art remonte, entre autres, à Lénine qui, en 1917, mentionnait déjà certaines de ses dynamiques au sujet de la première phase du processus révolutionnaire bolchévique qui allait être lancée : selon Lénine, une fois « sur les rails », une révolution doit impérativement atteindre son but et ne connaître aucun ralentissement, des effets de surprise et l’avantage en forces humaines permettant, en des lieux précis et à des moments spécifiques, de prendre graduellement le dessus sur l’ennemi et d’atteindre la victoire.[iii] La systématisation de cet art de la guerre sur d’autres théâtres d’opérations dans le monde au 20ème siècle (Vietnam, Afghanistan, Liban) a poussé les Américains à définir la guerre hybride comme étant « un conflit incluant une combinaison de forces militaires conventionnelles et irrégulières (guérillas, insurgés et/ou terroristes) en collaboration avec des acteurs étatiques ou non, dont l’objectif est d’atteindre un but politique précis. »[iv]

La guerre hybride joue un rôle prépondérant dans l’actuelle stratégie militaire russe selon le Prof. Stahel, un « cas d’école » étant l’annexion de la Crimée durant l’hiver 2014. Des composants psychologique et idéologique sont en outre associés à ce type de guerre et apparaissent comme étant des préliminaires indispensables à une guerre conventionnelle classique, ces derniers jouant un rôle important concernant la déstabilisation de l’ennemi. Une des conditions fondamentales pour qu’une guerre hybride réussisse est d’ailleurs l’ascendance militaire sur l’ennemi, celle-ci devant provoquer une intimidation de l’adversaire et l’affaiblir.

Sur la base de ces exemples historiques et actuels, Andras Racz a développé, dans son étude, un modèle de la guerre hybride russe comportant trois phases, modèle repris dans l’article du Prof. Stahel : la phase préparatoire, celle de l’attaque et pour finir celle de la stabilisation. Dans toutes ces phases, le paramètre psychologique joue un rôle central, quand bien même ce dernier est dominant dans la phase préparatoire. Cette dernière peut être découpée en trois épisodes: les préparations stratégiques, politiques et opérationnelles. Durant ces préparations, les services secrets russes repèrent les faiblesses de l’Etat visé, s’y infiltrent afin de distiller peur, doutes et désinformation parmi la société civile, tout en ciblant des appuis possibles et en « achetant » des politiciens influents.

Pour la phase de l’attaque, l’objectif reste le contrôle du territoire en vue, principalement grâce à l’intervention de militaires d’élite agissant sans insignes sur les uniformes et soutenant des rebelles pro-russes locaux. Une fois le territoire contrôlé, la phase de stabilisation s’occupe à annexer le territoire dominé, à le stabiliser politiquement et à éloigner stratégiquement le pays ciblé. Ces trois phases de la guerre hybride ont permis à Vladimir Poutine de prendre la Crimée et de lancer la guerre dans le Donbass.

Néanmoins, le Prof. Stahel pense que quelques facteurs viennent assombrir le potentiel russe dans ses guerres hybrides. Premièrement, l’épisode géorgien de 2008 a démontré la nécessaire modernisation de l’armée russe, dans les domaines des armes et des systèmes de combat par exemple. Deuxièmement, l’armée russe souffre d’un problème majeur influant négativement sur son pouvoir d’action : sa faible mobilité. En effet, à cause des distances et de l’état catastrophique des routes, la Russie dépend majoritairement du réseau ferroviaire pour le transport de ses troupes. Or le train est un moyen de locomotion lent et coûteux. Cette faiblesse des forces conventionnelles russes empêche toute possibilité d’action durable de cette armée hors des frontières de la Russie et expliquerait éventuellement pourquoi Moscou continue à privilégier le nucléaire dans ses stratégies de dissuasion. Troisièmement, concernant la guerre dans le Donbass, la Russie semble avoir perdu de son pouvoir d’intimidation lié à un avantage militaire sur l’ennemi ukrainien, Kiev développant ses forces de combat avec l’aide des Polonais et des Américains. La guerre hybride est-elle en train d’échouer dans le Donbass ? Selon le Prof. Stahel, Vladimir Poutine aurait réalisé cet état de fait, prenant en compte qu’il ne dispose pas des moyens nécessaires pour aller plus en avant en Ukraine. Ceci pousserait le président russe vers l’acceptation d’un cessez-le-feu s’inscrivant dans les accords de Minsk et vers un renoncement de l’annexion de Marioupol sur la mer d’Azov.

En conclusion, les guerres hybrides menées par la Russie ont pour conséquence la lente remise en cause du rapprochement de Moscou avec l’Europe, entamé à l’époque de la perestroïka sous Mikhaïl Gorbatchev dans les années 1980 et durant la phase de libéralisation de la Russie sous Boris Eltsine. La confiance des Occidentaux envers le Kremlin semble bien entamée, un « rideau de papier » descend sans bruit sur l’Europe, et des brûlants relents de guerre froide se font actuellement sentir : sinon comment comprendre les intimidations des pilotes russes survolant la Turquie, pilotes en route pour la Syrie, pays allié de Moscou à l’époque de la fracture Est-Ouest? L’Europe et la Russie auraient les deux à profiter d’une stabilisation renouvelée de leurs relations, que ce soit pour des raisons économiques mutuelles ou encore pour promouvoir une stabilisation de la situation internationale, par exemple celle au Proche-Orient. Ce manque de confiance existant entre l’Occident et la Russie, ce renouveau de certaines dynamiques héritées de la guerre froide, pourraient à terme également favoriser une nouvelle escalade nucléaire et permettre à Vladimir Poutine de mener des guerres hybrides dans « l’étranger proche » (par exemple dans les pays baltes ou encore en Asie centrale), histoire de créer une « forteresse » eurasienne anti-occidentale et antilibérale, dominée par Moscou. On est manifestement bien loin du monde espéré en 1991.[v]

Frédéric Steputat, pour le Forum Ost-West, ce 25 octobre 2015.

[i] « Hybrider Krieg Russlands : Beurteilung aus nordeuropäischer Sicht », Prof. Dr. Albert A. Stahel, le 14 août 2015. Cet article est consultable sur le site Internet de l’Institut d’études stratégiques:

http://strategische-studien.com/2015/08/14/hybrider-krieg-russlands-beurteilung-aus-nordeuropaeischer-sicht/

[ii] « Russia’s Hybrid War in Ukraine, Breaking the Enemy’s Ability to Resist », Andras Racz, FIAA Report 43, The Finnish Institute of International Affairs, Helsinki, 2015.

[iii] Cité dans l’article du Prof. Stahel.

[iv] Cité dans l’article du Prof. Stahel.

[v] Le contenu de ce paragraphe conclusif relève de l’auteur de cet article et n’est que partiellement lié à celui du Prof. Stahel.

La Russie et l’empire, entre hier et aujourd’hui

Frédéric Steputat, Forum Ost-West, ce 21 août 2015.

Annexion de la Crimée, soutien aux indépendantistes du Donbass, dérives antidémocratiques – selon la perception occidentale de la nouvelle loi limitant les activités de certaines ONG en Fédération de Russie : le comportement aux relents impérialistes et autoritaires du pouvoir russe ne cesse de dérouter les Occidentaux, qui voient en ces pratiques des dynamiques héritées d’un autre âge. Comment les comprendre ? Une brève incursion dans l’histoire russe, surtout celle impériale, permettra de lancer quelques pistes réflexives sur cette question.[i]

L’origine de l’Etat russe remonte au Moyen Age, à la Moscovie, à une époque où territorialement les Mongols dominaient encore les campagnes de Russie moyenne et la vasque sableuse du Volga. Mais, avec le lent délitement des khanats mongols, le pouvoir russe, sous Ivan le Terrible, débute son expansion territoriale vers l’est, vers les anciennes terres ennemies, en direction des immensités dépeuplées, boisées, monotones et froides de l’Oural et de la Sibérie. A ce titre, la chute de Kazan en 1552 est un événement important de l’histoire du pays (voire de l’Europe, ceci marquant la fin de la menace mongole sur le continent européen).

L’expansionnisme russe prend ainsi dès l’origine une dimension eurasienne en lorgnant vers l’Orient, en se frottant à ces lointaines terres sauvages et païennes, et atteint la côte Pacifique vers le milieu du 17ème siècle déjà. Une deuxième grande vague expansionniste s’oriente, au 18ème siècle, vers le sud, vers les rives de la mer Noire, et se fait alors au détriment de l’Empire ottoman ; cette deuxième vague prendra également le chemin de l’ouest et du nord-ouest, soit celui de l’Europe, contre la Suède et la Pologne-Lituanie cette fois-ci. Le Caucase et l’Asie centrale ne seront que plus tardivement touchés par l’expansionnisme russe, au 19ème siècle principalement.[ii]

Les principales motivations de ces conquêtes sont, pêle-mêle, d’ordre économique (accès aux mers chaudes, à des terres plus fertiles, à des matières premières), social (relocation de paysans affranchis), politique (quête de puissance, création de « marches » d’empire, ouverture stratégique vers l’Europe, lieux d’internement pour les prisonniers) voire culturel (reconquête de territoires ayant appartenu à la Russie kiévienne). La structure politique de l’Etat russe – devenu empire sous Pierre le Grand – est dominée par la figure autoritaire du tsar ; ce nouvel Etat connaît une progressive uniformisation de ses institutions politiques, laquelle facilite la gestion de l’immense territoire « accoudé » à l’Occident et à l’Orient, quand bien même certaines régions sont dotées, au besoin, de quelque autonomie, pour autant qu’elles aient accepté préalablement l’autorité de l’autocrate au pouvoir.

Une des principales conséquences de ces conquêtes est que la construction de l’Etat russe ne s’est faite, dans la durée, que selon un mode impérialiste et pluriethnique, et avant tout dans l’espace oriental. A la fin du 19ème siècle, au vu des nombreux peuples et religions peu à peu englobés dans l’empire, les Russes ne représentent plus que 40% de la population totale. Il s’en suit le développement d’un nationalisme plus « fondé et nourri » par une idée politique – celle d’empire – que par une appartenance ethnique ; les élites russes de l’époque sont en effet confrontées à un profond questionnement identitaire en lien avec leur immense espace multiethnique, à la fois « orientalisé » et se lovant aux franges du vieux monde : qui sommes-nous culturellement, nous les Russes ? Des orientaux ? Des Européens ? Et quel développement pour la future Russie ? Faut-il l’aiguiller sur une voie européenne ? Orientale ? Spécifique ? Ces questionnements continuent à agiter les élites de la Russie aujourd’hui.[iii]/[iv]

Après la révolution communiste, l’Etat soviétique conserve plus ou moins ses frontières de l’époque tsariste et impériale ; le pouvoir est alors officiellement décentralisé en républiques socialistes soviétiques, fédérées sur une base principalement ethnique. Néanmoins, sous Staline, certains peuples de l’empire connaissent violences et déportations : les Ukrainiens, par exemple, sont accusés d’avoir collaboré durant la guerre avec l’envahisseur nazi.

Avec la chute de l’URSS et la constitution de la CEI, la Fédération de Russie épouse des frontières internationales qui sont une « première » dans son histoire, par perte de son espace impérial conquis depuis le 16ème siècle : les anciennes frontières de la République socialiste fédérative soviétique de Russie, internes à l’URSS, deviennent à ce moment-là frontières d’Etat.

En conséquence, de nombreux Russes – environ 10% de Russes « ethniques » – vivent dans « l’étranger proche » (les anciennes républiques fédérées de l’URSS), alors que les Russes ethniques sont maintenant majoritaires en Fédération de Russie (environ 80% de la population : ce fait est nouveau dans l’histoire du pays). En parallèle, les Tchétchènes, une minorité musulmane du Caucase, se sont lancés dans une guerre indépendantiste dans les années 1990, violemment réprimée par Moscou, le Kremlin craignant des dynamiques similaires auprès d’autres peuples du pays, ce qui menacerait à terme l’intégrité territoriale de la Russie.

C’est dans ce contexte que Vladimir Poutine, un ancien du KGB, arrive au sommet du pouvoir au début des années 2000. Il se retrouve à la tête d’un Etat aux frontières sans lisibilité historique, en perte de puissance, en proie à une crise économique importante, menacé dans son intégrité territoriale, et, surtout, en perte de repères identitaires dans ses nouvelles frontières, prises, qui plus est, dans le vertige de la mondialisation.

Le but de la politique de M. Poutine depuis quinze ans est de redonner à la Russie les lettres de noblesse de ses anciennes gloires impériales, de faire de la Russie une grande puissance régionale et influente au niveau international, territorialement stable – la maîtrise de l’espace étant une « angoisse » originelle de l’Etat russe. Cette politique s’inscrit dans des stratégies opportunistes, mais se nourrit également de pratiques et de références qui ne sont pas sans rappeler l’époque impériale – éléments actuellement décriés par les Occidentaux.

Plus précisément, politiquement et au plan intérieur, M. Poutine tente de maintenir la mainmise sur le pays en centralisant au maximum le pouvoir – comme les tsars – afin d’éviter des forces centrifuges menaçant, selon lui, l’intégrité de l’immense Russie, et en adoubant certains dirigeants au niveau local – M. Kadyrov en Tchétchénie, par exemple. Au niveau culturel, un nationalisme mettant en avant des caractéristiques perçues comme « civilisationnellement » russes (culte du chef, mise en avant du christianisme orthodoxe autocéphale et d’une certaine puissance militaire) est fortement nourri et distillé par le pouvoir dans les médias d’Etat : ceci doit permettre de rassembler la population – aujourd’hui majoritairement russe, au plan ethnique – derrière son chef, contre d’hypothétiques menaces (celle de l’Occident, entre autres, dont la culture libérale est perçue comme potentiellement déstabilisante et décadente). En bref, la reconstitution d’une grande aire civilisationnelle russe à la fois autour et dans le pays doit provoquer, à terme, un « effet de barrage » face aux nombreux « miasmes » émanant de la mondialisation.

Au niveau international, le président tente de reconstituer une sphère d’influence dans l’étranger proche, c’est-à-dire dans les anciennes frontières impériales (en soignant les relations avec les Russes vivant hors de la mère patrie et en s’immisçant dans des conflits, comme celui du Donbass par exemple), afin de consolider des zones tampons. Economiquement parlant, le Kremlin profite de ses nombreuses ressources en matières premières (pétrole, gaz) – génératrices de devises au niveau international – pour pouvoir développer et stabiliser, d’une manière indépendante, la situation économique et sociale du pays.

Cette politique « impérialisante » et autoritaire, qui s’inscrit dans une certaine continuité (dont la toile de fond semble être une peur intrinsèque de voir le pays faiblir et se désintégrer, la Russie n’ayant historiquement pas de « réduit national », si ce n’est la petite Moscovie) connaît néanmoins des limites. Au niveau intérieur, comment réagiront les forces oeuvrant pour la démocratisation du pays ? Comment intégrer les nombreux peuples de Russie à ce projet « réactionnaire » ? Que faire de l’actuelle menace islamiste ? Au niveau économique, quid des conséquences des sanctions commerciales européennes à long terme ? Le pays peut-il vraiment se développer et se stabiliser durablement en s’érigeant telle une forteresse assiégée, gérée par le Prince et protégée par ses marches ? Vladimir Poutine ne devrait-il pas plutôt entraîner la Russie dans une certaine modernité libérale pour garantir la survie et la puissance de son immense pays ? Ce débat, initié au 19ème siècle, reste ouvert.

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[i] Texte inspiré de nombreuses lectures sur la Russie (entre autres du numéro spécial du magazine l’Histoire, numéro 344 de l’été 2009, ou encore du magazine Manière de voir, Le Monde diplomatique, numéro 138, de décembre 2014/janvier 2015, consacré à la Russie) sans omettre de rencontres et discussions faites lors de longs séjours dans le pays au milieu des années 2000.

[ii] Il est intéressant de mentionner que si la Russie s’est jetée dans des conquêtes territoriales , le plus souvent violentes, le territoire russe – non accidenté, s’étalant dans de grandes plaines facilement accessibles, si ce ne sont les distances – a également été victime « d’envahisseurs » durant son histoire, invasions ayant marqué le pays : de l’Orient viendront les Mongols ; de l’Occident, Suédois et Polonais ont été des menaces et plus près dans le temps, il ne faut pas omettre la campagne napoléonienne de 1812 ou encore celle d’Hitler à partir de 1941.

[iii] Ce questionnement est d’autant plus difficile à trancher, le pays n’ayant pas connu les bouleversements de la modernité libérale que l’Europe a traversés depuis le 15ème siècle. La voie libérale européenne n’apparaît donc pas toujours comme étant « logique », « inéluctable » aux yeux de certaines élites et franges de la population russes, mais comme une « option » possible.

[iv] Pour ce paragraphe et plus de précisions, voir l’article de Marie-Pierre Rey, « Le temps des tsars, l’empire avant tout », publié dans le magazine l’Histoire, numéro 405, de novembre 2014.

Il y a 70 ans: Hiroshima et Nagasaki

Les 6 et 9 août 1945, les Etats-Unis ont largué sur les villes d’Hiroshima et Nagasaki au Japon les deux premières bombes nucléaires de l’histoire, mettant ainsi fin à la Deuxième Guerre mondiale dans le Pacifique. Nagasaki était une ville importante du complexe militaro-industriel japonais, ce qui était moins le cas d’Hiroshima, ville aux habitations traditionnelles faites de bois et de papier, cité encore préservée des affres de la guerre, devenant, à ce titre, une cible de choix pour évaluer les conséquences d’une première explosion nucléaire.

Environ 200’000 personnes vont à court et à long termes succomber des suites de ces attaques. Selon les Américains, l’utilisation de ces bombes a permis d’éviter une invasion de l’archipel nippon nécessaire à la fin du conflit, qui aurait entraîné un nombre important de victimes américaines – plusieurs centaines de milliers de soldats d’après eux. Certains historiens, comme par exemple Frédéric Clairmont, affirment, d’un autre côté, que l’utilisation de ces bombes a été avant tout un coup d’éclat des Américains face aux Soviétiques, l’URSS étant l’autre grand vainqueur de la guerre, le communisme devenant, dès lors, la principale menace pour la Maison Blanche.

Différentes questions se posent encore aujourd’hui suite à l’utilisation de ces bombes ; premièrement, sur l’éventuelle responsabilité juridique américaine, i.e. sur la qualification potentielle de cet acte de crime contre l’humanité selon le droit international, des populations civiles à large échelle ayant été touchées. Il n’y a eu, à ce jour, aucune excuse officielle ni de dédommagements proposés aux victimes de la part de Washington. Deuxièmement, cet anniversaire tragique remet sur le devant de la scène la problématique de l’apparition récente de nouveaux pays nucléarisés (Pakistan, Corée du Nord) – héritage dangereux de notre monde multipolaire de l’après-guerre froide – et la nécessité morale faite à la communauté internationale de réfléchir à l’éventuelle abolition de l’arme nucléaire. Un « forum international pour l’abolition de l’arme nucléaire » pourrait être créé à Hiroshima : le maire de cette ville a d’ores et déjà lancé une idée dans ce sens.

Frédéric Steputat

M.A.I.S. en Histoire et Relations internationales

70 Jahre „Nagasaki“

Nagasaki gedenkt des Atombombenabwurfs: Appelle im Gedenken an 70.000 Tote

Mit einer Schweigeminute ist in Nagasaki an die Opfer des Atombombenabwurfs vor 70 Jahren erinnert worden. Japans Regierungschef Abe bekannte sich zu den Anti-Atom-Prinzipien des Landes. In Hiroshima hatte er das nicht getan – was für Kritik sorgte.

Von Jürgen Hanefeld, ARD-Hörfunkstudio Tokio

Der Appell zur Abschaffung aller Atomwaffen stand im Mittelpunkt der Gedenkfeier am Morgen in der japanischen Hafenstadt Nagasaki. Sie war am 9. August vor 70 Jahren von der zweiten amerikanischen Atombombe getroffen worden.

1.08.2015: 40 Jahre „Helsinki“

Am 1. August 1975 unterzeichneten die Staats- und Regierungschefs der 35 Teilnehmerstaaten in Helsinki die Schlussakte der Konferenz über Sicherheit und Zusammenarbeit in Europa, KSZE (seit 1995 Organisation für Sicherheit und Zusammenarbeit in Europa, OSZE).

Die Unterzeichnung gilt als historischer Durchbruch auf dem Höhepunkt des Kalten Krieges: Erstmals haben die massgeblichen Staaten des Westens (inklusive der USA) und des Ostblocks (inkl. der Sowjetunion) ein umfassendes Abkommen geschlossen, das den Willen zur Zusammenarbeit in unterschiedlichen Themen- und Handlungsfeldern dokumentiert.

Zehn Prinzipien: Im Prinzipienkatalog («Dekalog») der Schlussakte definierten die Teilnehmerstaaten zehn Grundregeln ihrer zukünftigen Beziehung. Im Prinzip VII wurde zur Bedeutung der Menschenrechte unter anderem folgendes festgehalten:

«Die Teilnehmerstaaten anerkennen die universelle Bedeutung der Menschenrechte und Grundfreiheiten, deren Achtung ein wesentlicher Faktor für den Frieden, die Gerechtigkeit und das Wohlergehen ist, die ihrerseits erforderlich sind, um die Entwicklung freundschaftlicher Beziehungen und der Zusammenarbeit zwischen ihnen sowie allen Staaten zu gewährleisten.»

Durch die Anerkennung der universellen Bedeutung der Menschenrechte wurden die Menschenrechte zu einem legitimen Gegenstand der internationalen Beziehungen erklärt und dem Bereich der innerstaatlichen Angelegenheiten entzogen. Da die Schlussakte im Prinzip VI aber auch das Verbot der Nichteinmischung in innerstaatliche Angelegenheiten postulierte, war der Normkonflikt vorprogrammiert. Die Sowjetunion und ihre Verbündeten verwahrten sich dementsprechend nach der Verabschiedung der Schlussakte von Helsinki gegen westliche Kritik.

Drei «Körbe»: Die Arbeitsfelder der KSZE wurden in der Helsinki-Akte in drei «Körbe»gegliedert, die bis heute unter der Bezeichnung «drei Dimensionen» als Grundstruktur der OSZE Bestand haben:

  • Erster Korb: Vertrauensbildende Maßnahmen und Aspekte der Sicherheit und Abrüstung
  • Zweiter Korb: Zusammenarbeit in den Bereichen der Wirtschaft, der Wissenschaft und der Technik sowie der Umwelt
  • Dritter Korb: Zusammenarbeit in humanitären und anderen Bereichen

Die Themen des dritten Korbs

Neben den zehn Prinzipien enthält der so genannte «Korb III» der Schlussakte von Helsinki bestimmte menschenrechtliche bzw. humanitäre Anliegen. Die Bestimmungen des dritten Korbes sind relativ vage formuliert und bestehen im Wesentlichen aus Absichtserklärungen etwas zu tun oder wenigstens wohlwollend zu prüfen. Inhaltlich befasst sich dieser Korb mit den folgenden vier zwischenstaatlichen und zwischengesellschaftlichen Bereichen:

  • Menschliche Kontakte
  • Informationsfreiheit / Medienfreiheit
  • Zusammenarbeit und Austausch im Bereich der Kultur
  • Zusammenarbeit und Austausch im Bereich der Bildung

Die Themen des dritten Korbes, insbesondere die Bereiche menschliche Kontakte und Informationsfreiheit, gehörten zu den Umstrittensten des ganzen KSZE-Prozesses. Sowohl bei der Ausarbeitung der Bestimmungen als auch bei den Überprüfungskonferenzen bildete der dritte Korb den Hauptschauplatz der ideologischen Auseinandersetzungen zwischen Ost und West. Hier prallten die unterschiedlichen Gesellschaftskonzeptionen am deutlichsten aufeinander, was die Spannungen zwischen den Blöcken erhöhte und die Robustheit des KSZE-Prozesses mehr als einmal auf die Probe stellte.

Zur Bedeutung der Helsinki-Schlussakte:

Die Schlussakte von Helsinki stellte zwar keinen völkerrechtlich bindenden Vertrag dar. Sie war aber als politische Übereinkunft die Grundlage für gegenseitige Kontrollen und Forderungen zur Einhaltung der in ihr enthaltenen Verpflichtungen. Die Helsinki-Schlussakte hat das Konzept der zwischenstaatlichen Sicherheit inhaltlich sehr breit ausgelegt. Dies begünstigte die Gründung von zivilgesellschaftlichen Helsinki-Komitees in zahlreichen Ländern ebenso, wie es die Argumentationsbasis der westlichen Staaten stärkte, als sie im Rahmen der KSZE-Folgekonferenzen die Einhaltung der Menschenrechte und Grundfreiheiten in den Staaten des Ostblocks einforderten. Zudem stützten sich auch die Bürgerrechtsgruppierungen in den Ostblockstaaten auf die Schlussakte, um ihren menschenrechtlichen Forderungen Nachdruck zu verschaffen.

Dokumentation: Schlussakte der Konferenz über Sicherheit und Zusammenarbeit in Europa Schlussakte von Helsinki 1975 (pdf, 81 S.)

V-Day in Kijev and Minsk (Russian Version), May 9, 2015

9-6

Я не очень интересуюсь историей, поскольку здесь история всегда была скорее идеологией, а не поиском исторической правды. Поэтому, конечно же, роль армии Власова и, в частности, полковника Буняченко в освобождении Праги никогда не афишировалась. Всегда назывались фамилии генералов Людвика Свободы, Дмитрия Лелюшенко и Павла Рыбалко. И конечно же, роль 1-го Украинского фронта. Но последнее произносилось в допутинские времена. При Путине о роли Украины и украинцев вообще не принято вспоминать. «Русские и сами выиграли бы войну» — кажется так он сказал- – это не история, а великодержавная идеология.

Обрати внимание, что Буняченко, Лелюшенко и Рыбалко – все этнические украинцы.

И мой отец (воевал и служил в Красной армии с 1941 по 1947 год), и отец моего отца воевали в составе 1-го Украинского фронта. Мой отец освобождал Румынию, Словакию и Венгрию. Награжден медалями «За взятие Вены» и «За взятие Будапешта». Я прилагаю фото его наградной планки. «За взятие Вены» — это салатово-сине-салатовая планочка и  «За взятие Будапешта» — желто-сине-желтая планочка. Он был командиром зенитного орудия, работал против немецкой авиации. Мы с ним мало разговаривали о войне, но в памяти осталось то, что он говорил, что в составе 1-го Украинского фронта воевали 70-80 процентов украинцев. О чем свидетельствуют и фамилии упомянутых генералов.

Празднования в Киеве сегодня 9.5. прошли тихо и почти незаметно. Президент, премьер-министр и несколько десятков стариков-ветеранов.

Manipulated History: 9th May

Manipulated History 

How  history à la carte (or : made to measure) is served by the Kremlin group.

Moscow will celebrate the Russian victory on the 9th May.

One year ago the Kremlin chief said in Crimea  « I greet the victorious Russian people, a nation of Victors ! » He opened the 69th parade this 9th May likewise.  The Western Allies and the other former soviet peoples such as the Ukrainians and the Kasaks etc. who 70 years ago were among the victorious went almost unmentioned.

Only a few days before the glorious 9th May, on the 26th April, was the 29th anniversary of the catastrophy of Chernobyl (at that time under the direction oft the Kremlin leaders). How can such a day be ignored by Russian propaganda?

Wikipedia „The Chernobyl disaster was a catastrophic nuclear accident that occurred on 26 April 1986 at the Chernobyl Nuclear Power Plant in Ukraine, which was under the direct jurisdiction of the central authorities of the Soviet Union.“

The atomic reactor has, to this date, not been secured, the outer covering is  crumbling. Now, for about 1bn Euros, a 100 meter high sarcophagus will be built over it. Unfortunately the ‚small change is missing yet.

Auschwitz was liberated by the Ukranian army and Prag by the renegade Vlassov Army.

Catherine the Great as well as her descendents built up the Donbass by calling upon experts from Great Britain, the Netherlands, Saxony and Bohemia etc. The industrialisation of Russia ist the result of Western know-how.

A country without memory is easy to manipulate.