Die muslimische Bevölkerung in Russland

Russland: Die muslimische Bevölkerung wächst rascher…

Der Islam gehört zu den traditionellen Religionen in Russland und bildet nach dem orthodoxen Christentum die zweitgrösste Religionsgruppe des Landes. Der grösste Teil der muslimischen Bevölkerung Russlands lebt im Nordkaukasus, der Wolga-Region (hauptsächlich Tatarstan und Baschkortostan) sowie in den grossen Städten des Landes. Besonders in den Städten besteht ein nennenswerter Teil der muslimischen Bevölkerung auch aus Migranten zentralasiatischer Länder.

Offizielle Statistiken über die muslimische Bevölkerung in Russland existieren nicht. Die staatlich genannten Zahlen basieren auf Zählungen der ethnischen Gruppen, die als muslimisch gelten. Vor diesem Hintergrund gehen die Schätzungen teilweise weit auseinander.

Gemäss den Daten der Volkszählung in Russland von 2002 umfassten damals die Bevölkerungsgruppen Russlands, die vorwiegend muslimischen Glaubens sind, ca. 14.5 Mio. ethnische Muslime, also ca. 10% der russischen der Bevölkerung. Verschiedentliche und auch neuere Schätzungen von nicht offiziellen Stellen gehen jedoch davon aus, dass die Anzahl der Muslime in Russland zwischen 18 und 22 Mio. liegt, was 12% bis 15% der russischen Bevölkerung entspricht.

Während Russland insgesamt mit demographischen Problemen und einem Bevölkerungsrückgang zu kämpfen hat, steigt die Zahl der Muslime im Land an. Wie auch in zahlreichen westeuropäischen Ländern, sehen ebenfalls in Russland gewisse Politiker diese Entwicklung als grosse Gefahr für das Land an („Islamisierung“ Russlands).

Offiziell unterstützt die Russische Regierung den traditionellen Islam Russlands, so wie er durch den Rat der Muftis Russlands repräsentiert wird, und beschreibt ihn als wichtigen Pfeiler der russischen Zivilisation.

Hingegen werden islamische Strömungen, die in Russland als nicht traditionell angesehen werden, sowie bestimmte Volksgruppen vor dem Hintergrund der jüngeren Vergangenheit des Landes (Kriege in Tschetschenien, terroristische Anschläge) oft auch pauschal als grosse Bedrohung wahrgenommen.

Quellen:

  • Hunter, Shireen, 2004: Islam in Russia.
  • Müller, Ruth und Reiner Klingholz, 2014: Russland neu gezählt; Berlin-Institut für Bevölkerung und Entwicklung.
  • Pipes, Daniel, 2013: Muslim Russia?; The New York Times.
  • Yilmaz, Yunus, 2013: Muslims in Contemporary Russia: Russia’s Domestic Muslim Policy; European Journal of Economic and Political Studies.

7. Januar 2016, A. Siegenthaler

 

Stage OST : un hiver en Russie

En souvenir de M. Klaus Baumgartner

Le 10 décembre dernier, M. Klaus Baumgartner, ancien maire de la ville de Berne, est décédé. Cet homme visionnaire a soutenu activement au milieu des années 1990 la création du programme « Stage OST » qui devait permettre à des spécialistes de différents milieux professionnels de travailler pour quelque temps dans les pays d’Europe centrale et orientale en pleine transition économique. Le Forum Ost-West, par son riche réseau, a participé pleinement à ce programme en proposant à des personnes en quête de défis professionnels des opportunités d’emplois à l’Est.

C’est donc indirectement grâce à M. Baumgartner et via le Forum Ost-West que j’ai eu la chance, durant l’hiver 2004-2005, de partir m’installer à Moscou – un vieux rêve d’enfant vivant dans les atlas géographiques et intrigué par les confins – et d’y travailler pour une agence de presse allemande nommée Rufo. J’ai pu y faire mes premières armes dans le domaine journalistique et de la publication, que ce soit en rédigeant de courts articles en allemand pour les nouvelles quotidiennes publiées sur le site de l’agence, ou encore en participant à la rédaction d’un guide Baedeker actualisé sur la ville de Moscou. Mon travail s’est conclu, en outre, par une recherche sur le nouveau marché hôtelier de la capitale à ce moment-là.

C’est également grâce à ce programme que j’ai vécu de près la capitale russe, en pleine effervescence – économique, artistique – à cette époque-là, nourrie par un sentiment de liberté omniprésent après les années de plomb du communisme. Moscou apparaissait comme étant un nouveau « centre du monde », favorablement située au cœur de l’Eurasie, prête à jouer un rôle important dans la mondialisation libérale qui se profilait.

Cela fait un peu plus de 10 ans. Je profite encore en tant que professeur d’histoire au quotidien des compétences professionnelles et humaines développées en Russie. Par contre, je regarde dubitativement ce qui se passe dans ce pays aujourd’hui sous le règne de V. Poutine, surtout en ce qui concerne les relents autoritaires du régime. Qui aurait pu le croire en 2004 ? Mon hiver russe était bien scintillant.

Frédéric Steputat, ce 2 janvier 2016.

Membre du Comité directeur du Forum Ost-West

9 décembre 2015 : propagande autour du « Jour des Héros de la Patrie »

9 décembre 2015 : propagande autour du « Jour des Héros de la patrie »[i]

Le 9 décembre dernier, 5000 jeunes Russes issus, entre autres, de sociétés estudiantines et professionnelles, se sont rassemblés à Moscou dans une convention nommée « Les héros de notre temps »[ii], manifestation organisée par différentes associations patriotiques russes, hautes écoles de la capitale et supervisée par le Ministère de l’intérieur de la Fédération de Russie[iii]. Différents représentants des principaux partis politiques russes, du gouvernement et des médias d’Etat étaient également présents à ces « festivités ». Le but de ce rassemblement était officiellement de débattre et de trouver des éléments de réponses aux nouvelles menaces et défis qui pèsent sur la Russie d’aujourd’hui et le rôle que la jeunesse de ce pays, dans un élan patriotique unificateur et consolidé, peut jouer à ce niveau-là. Parmi ces menaces et défis figurent, pêle-mêle, le terrorisme, la guerre de l’information, la crise économique ou encore l’influence de la culture russe dans le monde.

Dans un contexte national et international toujours plus difficile (terrorisme, incertitudes autour de la crise ukrainienne, baisse de l’activité économique), où le renouveau de la puissance russe désiré par le président V. Poutine peine à prendre de l’altitude, le Kremlin tente de noyauter par ces grandes messes la jeunesse (les forces vives de la nation de demain) autour de son pouvoir en distillant l’idée d’une Russie invariablement menacée qui se doit de « resserrer » les rangs. Cette propagande – qui n’est pas sans rappeler des pratiques de régimes politiques du vieux 20ème siècle – visant directement des ennemis intérieurs et/ou extérieurs (le terrorisme islamiste mais également l’Occident), relève éventuellement d’une peur ancestrale des dirigeants russes, qui est de voir l’immense Sainte Russie imploser à terme sous les coups de boutoir délétères de la modernité.

Frédéric S.

[i] Cette journée fut instituée en 1769 par Catherine II pour commémorer les actes de bravoure des soldats se battant pour la Russie.

[ii] Clin d’œil – quoique quelque peu maladroit – au titre du brillant roman de M. Lermontov, publié en 1840 ?

[iii] Texte inspiré par un article publié sur le site de l’agence d’informations RBC (RosBusinessConsulting) le 7 décembre 2015.

New light on the cooperation East – West (cz)

Vzpomínka na Dr. Klause Baumgartnera – zemrel 10.12. 2015

Klaus Baumgartner a Bernská stopa na  Severni Moravě.

Rok 1989 znamenal v tehdejším Československu nejen zásadní změnu politických poměrů v zemi, ale i proměnu přístupu ke správě a řízení společnosti na Všech úrovních. V regionální politice se hledaly cesty, jak přivést občany k participaci na rozvoji svého území. Jedním z prvních, ne-li zcela prvním úspěšným pokusem, byl regionální rozvojový koncept Jeseníky 2000 na severní Moravě.

Díky krajanům žijícím ve Švýcarsku – hl. GD- se podařilo získat podporu tomuto projektu zejména v kantonu a městě Bernu. Nebyla to však jen podpora hmotná a finanční, ale i podpora morální, kterou svými dvěma náštěvami v Jeseníku, lemujícími začátek a dokončení projektu, podpořil úsilí všech zúčastněných tehdejší primátor Bernu Klaus Baumgartner.

Jeho návštěva v roce 1994 znamenala velké povzbuzení v obtížné etapě změny myšlení a přístupu občanů ke svému regionu a návštěva v roce 2005 pak mohla zhodnotit výsledky desetileté práce, završené vytvořením strukturovaného dokumentu s popisem všech kroků a rozhodnutí, kterých bylo třeba v průběhu let učinit.

Tento dokument se stal dokonce studijním materiálem pro odborné vysoké školy, zabývající se regionálním rozvojem.

Tak i po letech je v regionu znát Bernská stopa nejen v konkrétních rozvojových výsledcích projektu, ale i ve vzpomínkách účastníků tehdejšího dění na osobní angažovanost primátora Bernu Klause Baumgartnera, jehož si v souvislosti s jeho úmrtím připomínáme.

Dr. Jindrich Němčík

In Memoriam Klaus Baumgartner

In memoriam Klaus Baumgartner

Am 10. Dezember 2015 ist der ehemalige Stadtpräsident von Bern verstorben. Im Gedenken an ihn möchte ich hier an seine Weltoffenheit und Weitsichtigkeit erinnern: Im August 93 – nach dem Besuch von Gorbatchow in Bern – sprach ich mit Klaus Baumgartner über die Idee, stellenlosen Schweizer Fachleuten einen Berufsstage in osteuropäischen Ländern zu vermitteln. KB war sofort bereit, ein Pilotprojekt zu lancieren und machte einen entsprechenden Vorstoss an den Bundesrat. Die Stadt Bern startete das Projekt „Pionier sein statt stempeln“ , aus welchem 1 Jahr später das gesamtschweizerische Projekt „Stage Ost“ wurde. Dieses würde sich heute übrigens für hier stellenlose Jugendliche aus Nordafrika eignen. Das damalige Echo in den Medien war zum Erstaunen von KB sehr gross. Im Dez 94 berichtete das Schweizer Fernsehen in der Sendung 10 vor 10 über die Region Jesenicko in Tschechien, wo eine ganze Gruppe von Stagiaires aus der Schweiz erfolgreich wirken konnte und von den Einheimischen positiv aufgenommen wurde. KB wollte persönlich vor Ort einen Augenschein nehmen, und ich durfte ihn bei seiner Reise begleiten. Er legte im Kurort Jesenik den Grundstein zum „Berner Brunnen“ , den die Burgergemeinde Bern finanziell ermöglicht hatte.

Georg J. Dobrovolny, Dr. oec. HSG

FORUM OST-WEST   Geschäftsführer

Zum Abschuss des russ. Bombers: Wie die russ. Medien informieren

„In den russischen Medien gibt man zwar  zu, dass die russischen Bomber nur ein 1 km von der türkischen Grenze entfernt waren. Ob das stimmt, können wohl nur Experten mit Zugang zu den Radardaten wissen. Die Russen bestreiten, dass die ihre Piloten gewarnt worden seien. Das sagt der überlebende russische Pilot. Aber war das wirklich der Pilot, der den Medien gezeigt wurde? Glaubwürdig wirkt er auf keinen Fall. Natürlich ist auch die angebliche türkische Warnung zu hinterfragen.

Die russischen Medien berichten, dass die Türken den russischen Jagdbomber als Provokation abgeschossen haben. “Provokation” ist in der Russländischen Föderation wieder ein beliebtes Wort. Ausserdem wird behauptet, Obama habe beim G20 Gipfel in der Türkei Erdogan beauftragt, einen russischen Jet abzuschiessen.

Es wurde auch ein US Beamter gezeigt, der sich bei einem Fernsehinterview in Widersprüche verwickelte. Dies soll offensichtlich die USA diffamieren. Die wirklich bösen sind die USA und Obama. Das ist nicht neu.

Frau Angela Merkel wurde gezeigt, wie sie eine Deeskalation empfiehlt. Das wird als Stimme gegen die USA interpretiert.

Gestern am 26.11.15 sah ich weitere interessante Infos: Erdogan sei ein Komplize des IS, weil sein Sohn eine Tankerflotte besitzt, die Öl vom IS transportiert.

Zudem flog die russische Luftwaffe eine vernichtende Strafaktion gegen die Mörder des russischen Piloten. Die TV Bilder zeigten eigentlich ein Flächenbombardement. Man sah auf den Luftaufnahmen auch Leute auf der Flucht vor Bomben.

Der TV Sprecher sagte, das seien Terroristen und ihre Gehilfen. Man kommt zum Schluss, dass alle Terroristen, oder deren Gehilfen im betroffenen syrischen Gebiet sind. Collateral casualties gibt es angeblich keine….“

Diese Zeilen erhielten wir aus Moskau.

La Russie et ses guerres hybrides

Résumé

The following article considers a question which has been extensively studied by northern European researchers in the last few years : the Russian hybrid wars. This text mainly resumes a publication of August 2015 about this topic made by Prof. Stahel, director of the Institute for strategic studies in Zurich. Hybrid wars have an historic resonnance and continue to play an important role in the actual Russian military strategies. For example, the war actually supported by Russia in the Ukraine can be defined as « hybrid » and can be divided in different phases whose goals are finally the controle of specified regions of this country, the best example of this being the annexion of Crimea. But, Russia has also weaknesses which prevent the Kremlin from leading eventually successfull hybrid wars in the Ukraine and in other parts of Eurasia on the long term. In conclusion, these recent Russian hybrid wars provoke new tensions with Europe, cause a rebirth of certain cold war dynamics which are a bad scenario for the old continent, Russia and international stability.

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Depuis quelques années, les experts géostratégiques de l’Europe du Nord étudient la question des guerres hybrides menées par la Russie depuis la fin de la guerre froide. Le Professeur (ci-après Prof.) Albert Stahel, directeur de l’Institut d’études stratégiques de Wädenswil en Suisse, a récemment publié un article à ce sujet[i] dont les principales conclusions ont été présentées lors de la réunion annuelle des membres du Forum Ost-West de Berne le 20 août 2015.

L’article du Prof. Stahel s’inspire, entre autres, des résultats d’une étude publiée en juin 2015 par Andras Racz sur la guerre hybride menée actuellement en Ukraine par la Russie.[ii] Plus précisément, le papier du Prof. Stahel relève que la guerre hybride est un « art de la guerre » qui n’est pas nouveau. Historiquement, cet art remonte, entre autres, à Lénine qui, en 1917, mentionnait déjà certaines de ses dynamiques au sujet de la première phase du processus révolutionnaire bolchévique qui allait être lancée : selon Lénine, une fois « sur les rails », une révolution doit impérativement atteindre son but et ne connaître aucun ralentissement, des effets de surprise et l’avantage en forces humaines permettant, en des lieux précis et à des moments spécifiques, de prendre graduellement le dessus sur l’ennemi et d’atteindre la victoire.[iii] La systématisation de cet art de la guerre sur d’autres théâtres d’opérations dans le monde au 20ème siècle (Vietnam, Afghanistan, Liban) a poussé les Américains à définir la guerre hybride comme étant « un conflit incluant une combinaison de forces militaires conventionnelles et irrégulières (guérillas, insurgés et/ou terroristes) en collaboration avec des acteurs étatiques ou non, dont l’objectif est d’atteindre un but politique précis. »[iv]

La guerre hybride joue un rôle prépondérant dans l’actuelle stratégie militaire russe selon le Prof. Stahel, un « cas d’école » étant l’annexion de la Crimée durant l’hiver 2014. Des composants psychologique et idéologique sont en outre associés à ce type de guerre et apparaissent comme étant des préliminaires indispensables à une guerre conventionnelle classique, ces derniers jouant un rôle important concernant la déstabilisation de l’ennemi. Une des conditions fondamentales pour qu’une guerre hybride réussisse est d’ailleurs l’ascendance militaire sur l’ennemi, celle-ci devant provoquer une intimidation de l’adversaire et l’affaiblir.

Sur la base de ces exemples historiques et actuels, Andras Racz a développé, dans son étude, un modèle de la guerre hybride russe comportant trois phases, modèle repris dans l’article du Prof. Stahel : la phase préparatoire, celle de l’attaque et pour finir celle de la stabilisation. Dans toutes ces phases, le paramètre psychologique joue un rôle central, quand bien même ce dernier est dominant dans la phase préparatoire. Cette dernière peut être découpée en trois épisodes: les préparations stratégiques, politiques et opérationnelles. Durant ces préparations, les services secrets russes repèrent les faiblesses de l’Etat visé, s’y infiltrent afin de distiller peur, doutes et désinformation parmi la société civile, tout en ciblant des appuis possibles et en « achetant » des politiciens influents.

Pour la phase de l’attaque, l’objectif reste le contrôle du territoire en vue, principalement grâce à l’intervention de militaires d’élite agissant sans insignes sur les uniformes et soutenant des rebelles pro-russes locaux. Une fois le territoire contrôlé, la phase de stabilisation s’occupe à annexer le territoire dominé, à le stabiliser politiquement et à éloigner stratégiquement le pays ciblé. Ces trois phases de la guerre hybride ont permis à Vladimir Poutine de prendre la Crimée et de lancer la guerre dans le Donbass.

Néanmoins, le Prof. Stahel pense que quelques facteurs viennent assombrir le potentiel russe dans ses guerres hybrides. Premièrement, l’épisode géorgien de 2008 a démontré la nécessaire modernisation de l’armée russe, dans les domaines des armes et des systèmes de combat par exemple. Deuxièmement, l’armée russe souffre d’un problème majeur influant négativement sur son pouvoir d’action : sa faible mobilité. En effet, à cause des distances et de l’état catastrophique des routes, la Russie dépend majoritairement du réseau ferroviaire pour le transport de ses troupes. Or le train est un moyen de locomotion lent et coûteux. Cette faiblesse des forces conventionnelles russes empêche toute possibilité d’action durable de cette armée hors des frontières de la Russie et expliquerait éventuellement pourquoi Moscou continue à privilégier le nucléaire dans ses stratégies de dissuasion. Troisièmement, concernant la guerre dans le Donbass, la Russie semble avoir perdu de son pouvoir d’intimidation lié à un avantage militaire sur l’ennemi ukrainien, Kiev développant ses forces de combat avec l’aide des Polonais et des Américains. La guerre hybride est-elle en train d’échouer dans le Donbass ? Selon le Prof. Stahel, Vladimir Poutine aurait réalisé cet état de fait, prenant en compte qu’il ne dispose pas des moyens nécessaires pour aller plus en avant en Ukraine. Ceci pousserait le président russe vers l’acceptation d’un cessez-le-feu s’inscrivant dans les accords de Minsk et vers un renoncement de l’annexion de Marioupol sur la mer d’Azov.

En conclusion, les guerres hybrides menées par la Russie ont pour conséquence la lente remise en cause du rapprochement de Moscou avec l’Europe, entamé à l’époque de la perestroïka sous Mikhaïl Gorbatchev dans les années 1980 et durant la phase de libéralisation de la Russie sous Boris Eltsine. La confiance des Occidentaux envers le Kremlin semble bien entamée, un « rideau de papier » descend sans bruit sur l’Europe, et des brûlants relents de guerre froide se font actuellement sentir : sinon comment comprendre les intimidations des pilotes russes survolant la Turquie, pilotes en route pour la Syrie, pays allié de Moscou à l’époque de la fracture Est-Ouest? L’Europe et la Russie auraient les deux à profiter d’une stabilisation renouvelée de leurs relations, que ce soit pour des raisons économiques mutuelles ou encore pour promouvoir une stabilisation de la situation internationale, par exemple celle au Proche-Orient. Ce manque de confiance existant entre l’Occident et la Russie, ce renouveau de certaines dynamiques héritées de la guerre froide, pourraient à terme également favoriser une nouvelle escalade nucléaire et permettre à Vladimir Poutine de mener des guerres hybrides dans « l’étranger proche » (par exemple dans les pays baltes ou encore en Asie centrale), histoire de créer une « forteresse » eurasienne anti-occidentale et antilibérale, dominée par Moscou. On est manifestement bien loin du monde espéré en 1991.[v]

Frédéric Steputat, pour le Forum Ost-West, ce 25 octobre 2015.

[i] « Hybrider Krieg Russlands : Beurteilung aus nordeuropäischer Sicht », Prof. Dr. Albert A. Stahel, le 14 août 2015. Cet article est consultable sur le site Internet de l’Institut d’études stratégiques:

http://strategische-studien.com/2015/08/14/hybrider-krieg-russlands-beurteilung-aus-nordeuropaeischer-sicht/

[ii] « Russia’s Hybrid War in Ukraine, Breaking the Enemy’s Ability to Resist », Andras Racz, FIAA Report 43, The Finnish Institute of International Affairs, Helsinki, 2015.

[iii] Cité dans l’article du Prof. Stahel.

[iv] Cité dans l’article du Prof. Stahel.

[v] Le contenu de ce paragraphe conclusif relève de l’auteur de cet article et n’est que partiellement lié à celui du Prof. Stahel.